Temptation in the Night
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Temptation in the Night


 
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 Wonders never cease [ Ezeckiel ]

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2 participants
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William T. Shavy

William T. Shavy


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MessageSujet: Wonders never cease [ Ezeckiel ]   Wonders never cease [ Ezeckiel ] Icon_minitimeLun 5 Avr - 14:07



    Philadelphie, la nuit, c’était quelque chose à ne pas louper. Toutes ces rues entremêlées et éclairées, cette agitation, cette vie nocturne. C’était un tout autre monde que celui qui s’épanouissait sous le soleil. Les couples sortaient dîner dans les grands restaurants, les amis préféraient les boîtes de nuit, les célibataires les cinémas. Tous menaient une double-vie. Qui aurait cru que les femmes d’affaires iraient se dévergonder si tard dans la nuit ? Qui pourrait penser qu’un professeur d’art et d’histoire ancienne irait se soûler dans un club, entouré de belle-de-nuit ? On n’imagine pas ce qui peut se passer lorsque la lune est haute dans le ciel. On ne songe pas à ce qui se déroule dans les esprits de tous… Pour certains, ces nuits sont fatales. Elles les font sombrer dans la débauche, ou plus simplement arrêtent le cours de leur existence. Pour d’autres, elles sont plus profiteuses, mais au final, y gagnent-ils vraiment à mener cette double-vie ? A qui de tromper sa femme ou de trouver un amant, à qui de goûter telle ou telle substance illicite, à qui d’avoir pour la première fois le choix de la vie ou de la mort entre ses mains, et d’opter pour la deuxième solution ? Et ce n’est toujours qu’au petit matin que l’on se rend compte des erreurs qui ont été faites. Ce n’est que lorsque le jour s’est levé que l’on s’aperçoit qu’on est peut-être allé trop loin, qu’il va falloir réparer les dégâts, s’excuser. Ou que parfois, il est déjà trop tard…

    Cependant, il arrive que certains matins soient heureux. Parce qu’il n’est pas rentré sans faire de bruit, parce qu’elle n’a pas du mentir à son mari, parce qu’il n’a pas succombé à la tentation, parce qu’il a opté pour la première solution… Ces matins là, on se dit que tout va bien, que le mal n’existe pas, qu’on peut vivre dans le bonheur jusqu’à sa mort. Jusqu’au soir où la machine infernale reprend son travail après une courte pause d’une nuit. C’est pourquoi il faut savoir profiter de ces matinées. Aller regarder le soleil se lever au port, par exemple, ou apporter un café chaud à la personne qu’on aime lorsqu’elle sort du lit, ou tout simplement dire bonjour à quelqu’un. Combien de personnes se croisent dans les rues bondées sans un mot, sans un sourire, sans un regard… Combien d’humains s’ignorent volontairement pour ne pas pimenter leur vie ? Combien d’êtres vivants ne pensent qu’à leur petite personne et pas aux autres ? Ils sont trop nombreux à ne vivre que pour eux.

    William avait décidé de s’occuper du bonheur de quelqu’un une fois par semaine. Chaque samedi, à la première heure, il allait chez un fleuriste acheter un bouquet, chaque fois différent, puis il sortait et se promenait un peu dans la rue. Le plus souvent, il n’attendait pas longtemps avant de l’offrir à un ou une inconnu. La personne était toujours surprise et il avait généralement droit à un sourire et à des remerciements timides. Ensuite, cette personne s’éloignait en observant le bouquet avec curiosité, se demandant sûrement ce qui avait piqué cet homme de le lui donner. Plus rarement, il se faisait envoyer balader. Les gens pouvaient penser qu’il se moquait d’eux… Mais parfois, il attendait un peu plus longtemps avant d’offrir son cadeau. Il allait s’asseoir sur un banc dans un parc et observait les gens passer. Lorsqu’il dénichait la personne à qui il voulait prodiguer un peu de bonheur, il se levait et allait jusqu’à elle. C’était ainsi chaque samedi matin, depuis cinquante et un ans.

    7h00. L’alarme du réveil se déclencha soudainement, tirant l’ange de son sommeil en sursaut. Il chercha la lumière à tâtons – il devrait vraiment penser à faire installer un interrupteur plus près du lit – et finit par réussir à éclairer la pièce. Il put enfin stopper les bip-bip agaçants du réveil et s’asseoir sur son lit, les coudes sur les genoux et le visage dans les mains. C’était toujours le supplice de se lever à cette heure-là le samedi matin, mais il préférait cela plutôt que de perdre un instant de ces belles journées. Ce n’était pas la même ambiance qu’en semaine… La semaine avait été longue d’ailleurs, les étudiants fatigants, les jours ennuyeux. Il n’avait pas eu le temps de faire tout ce qu’il aurait voulu et en était un peu frustré. Mais il n’avait pas fait faux-bond à son habitude fleurie. Après avoir enfilé son jean et son T-shirt, il avala son café et sortit de chez lui, souriant.

    La fleuriste du quartier était toujours agréable, la joie de vivre l’habitait, et elle lui préparait toujours un bouquet à l’avance en variant toujours les fleurs. Ce matin, les amaryllis attendaient qu’on vienne les chercher et furent emmenées quelques minutes après que William soit entré dans la boutique. Comme à chaque fois, il faisait mine de s’intéresser à tous les bouquets, puis il apercevait celui posé bien en évidence sur une table près du comptoir, et manifestait l’envie de l’acheter. Comme à chaque fois, la jeune femme lui répondait que c’était un très bon choix, lui expliquait comment les garder belles et fraîches le plus longtemps possible, et enviait intérieurement la femme à qui elle imaginait qu’il voulait offrir ces fleurs. Ce matin, l’ange pensa qu’il pourrait un jour offrir le bouquet à la vendeuse. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui il prendrait le métro pour aller en périphérie, se balader dans le parc, s’asseoir sur un banc et attendre. Puis quand viendrait le moment, il donnerait ce qu’il venait d’acheter à l’instant même. William dit au revoir dans un grand sourire et sortit dans la rue déjà bondée. Les gens travaillaient encore le samedi mais leurs traits de visage étaient moins tirés. Ils savaient que le lendemain ils pourraient se poser au calme, ne pas stresser pour un rien, échapper à la routine du boulot. Avec le métro, il arriva rapidement à destination et marcha quelques instants sous le ciel clair. Il était toujours agréable de se promener dans Fairmount Park car la ville et ses soucis étaient loin, oubliés. C’était d’ailleurs ici qu’il était né pour la seconde fois, en tant qu’ange. Enfants, sportifs ou simples habitants de Philadelphie, tous se donnaient rendez-vous ici afin de décompresser.

    A cette heure, pourtant, il n’y avait pas grand monde. Il était encore trop tôt, même si la vieille dame aux pigeons était déjà là à chérir ses petits protégés. William s’arrêtait souvent près d’elle pour discuter un peu et faire passer le temps. Elle avait déjà eu droit à son bouquet, des azalées blanches. La femme avait retenu ses larmes mais l’ange savait qu’elle avait pleuré de bonheur lorsqu’il était parti. Personne ne faisait attention à elle à part ce jeune homme remplit de bonnes intentions. Elle connaissait bine son petit manège, il était fréquent qu’elle le voit venir les samedis matins, un bouquet à la main, qu’il offrait à quelqu’un qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Et puis parfois il venait sans rien, mais c’était toujours qu’il lui tenait compagnie quelques instants.

      « Pour qui sont celles-ci aujourd’hui ?
      - Nous le saurons tout à l’heure.
      - Pourquoi fais-tu cela ?
      - Pourquoi nourrissez-vous ces pigeons ?
      - Il faut bien que quelqu’un s’en occupe…
      - Il faut bien que quelqu’un le fasse…
      - Cela ne changerait pas leur vie si tu n’achetais pas un bouquet de fleurs tous les samedis matins.
      - Je la change en le faisant. Ils ont tous droit à un peu de joie, chacun leur tour. »


    Et chaque samedi matin ils tenaient tous les deux le même discours. Puis le jeune homme s’éloignait et cherchait un banc pour s’installer le temps que le parc accueille plus de monde. Mais aujourd’hui, un des bancs était déjà occupé. Une jeune femme brune, l’air pensif. Ce n’était pas la première fois qu’il rencontrait une personne ressemblant étrangement à Emily. Les mêmes yeux clairs, le même air mélancolique… Mais il savait que ce n’était pas elle, il saurait la reconnaître lorsqu’il la rencontrerait vraiment, il en était certain. Il ne se désintéressa pas de cette femme pour autant et alla s’asseoir à côté d’elle, le bouquet sur les genoux. Sans aucune gêne, il l’observa attentivement. Elle dégageait une aura qu’il ne percevait pas chez les autres. Soudainement, il se prit à vouloir savoir qui elle était, lui qui d’habitude ne portait pas d’attention réelle aux autres. Mais c’était samedi matin, son jour de grâces. Après avoir essayé de capter son regard clair, en vain, il prit son bouquet et le lui tendit.

      « Est-ce que je peux vous l’offrir ? »


    Il demandait toujours cela, même s’il n’attendait pas forcément une réponse. Peut-être allait-il paraître un peu niais, voir idiot, mais elle n’avait pas de raison de refuser. Au pire, elle partirait en courant et en hurlant au fou, effrayée, mais juste en la regardant il devinait que ce n’était pas son genre. Cette idée le fit tout de même sourire.
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Ezeckiel A. Lynd

Ezeckiel A. Lynd


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MessageSujet: Re: Wonders never cease [ Ezeckiel ]   Wonders never cease [ Ezeckiel ] Icon_minitimeMer 7 Avr - 13:59

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    Elle nageait avec des dauphins dans l’océan bleuté des Caraïbes lorsque la radio se mit toute seule en route. Ce miracle n’était autrement du qu’à l’heure qu’il était. Etalée de tout son long dans son lit, Ezeckiel passa par plusieurs phases émotionnelles. Elle grogna, ronchonna, jura, marmonna puis d’une pression de l’index et du majeur sur le bouton du haut, elle éteignit le radioréveil. Les matins étaient toujours difficiles. Comme se plaisait à répéter son boss, Ezeckiel était une créature de la nuit. Dans tous les sens du terme apparemment. Attrapant d’une main sa paire de lunettes et de l’autre un élastique pour nouer sa longue tignasse emmêlée, elle passa ses deux jambes au-dessus des draps et s’assit pour s’étirer. Et comme chaque matin, ses deux chats se postèrent devant elle et la regardèrent en penchant la tête, quémandant une attention de sa part. Ce qu’elle leur accorda bien volontiers. Les prenant tous les deux dans ses bras, elle se dirigea vers la cuisine où du café se préparait depuis la veille au soir. Elle se servit une tasse, mordit dans une pomme et contempla la ville qui se réveillait en même temps qu’elle. Ses pensées se perdirent dans cette méditation matinale.

    Sa cuisine ne donnait pas sur l’est, elle ne vit donc pas le lever de soleil. Juste ses rayons baignant Philadelphie de lumière. Autrefois, elle avait habité un quartier mieux exposé, son appartement était plus spacieux, les rues plus fréquentables..
    Autrefois.

    Un des chats miaula, l’extirpant de sa rêverie amère. Après avoir nourri les deux affamés, elle prit une douche rapide et ferma la porte de chez elle. Aujourd’hui elle n’avait rien à faire. Aujourd’hui il n’y avait personne à satisfaire à part elle. Aujourd’hui était une belle journée. Aujourd’hui…

      « Tiens ! Miss Lynd ! Ca tombe bien que je vous voie ce matin, je vous rappelle que vous n’avez pas encore payé votre dernier loyer. »


    Aujourd’hui le concierge l’attendait de pied ferme. Masquant un soupir, Ezeckiel répondit sur le ton le plus neutre qu’elle puisse avoir :

      « Je sais M. Grip. Ne vous en faites pas, je vais bientôt recevoir ma paye. »
      « Oh ? Vous savez que sinon on peut toujours… s’arranger. A l’arrière de la boutique comme on dit. »


    C’est ça, tu crois que je vais user de mon temps pour sauter un type comme toi. Connard de pervers.

      « Ca ira M. Grip. Vous aurez mon chèque ce soir dans votre loge. »


    Ne s’attardant pas sur la mine visiblement déçue du concierge, Ezeckiel se dépêcha de sortir. Cela faisait quelques mois que M. Grip avait découvert ses ‘occupations’, cherchant lui-même quelqu’un qui avait les mêmes. Un homme était arrivé à temps avant qu’il ne ‘demande’ à avoir Ezeckiel pour la nuit. De toute façon, son boss ne l’aurait jamais laissée entre les sales pattes d’un ivrogne comme M. Grip. Il n’était pas certain qu’il paye. Suite à sa découverte, le vieil homme renouvelait sans arrêt sa demande fallacieuse : coucher avec lui régulièrement et il oublierait les loyers impayés. Ezeckiel serra les dents et expira furieusement. Ses narines frémirent. Son boulot, certes peu recommandable, lui permettait de vivre à peu près correctement mais surtout il lui assurait une parfaite discrétion vis-à-vis de ceux à qui elle voulait échapper. Personne n’irait la dénicher là bas. Personne qui ignorait où elle se trouvait. La seule personne à savoir avait promis de tenir sa langue. Si quelqu’un venait, elle saurait immédiatement d’où il tenait l’information du lieu de sa cachette. Et cette fois, elle disparaîtrait pour de bon. Ca n’était pas par fierté mais par… principe.

    La matinée ensoleillée la mena directement au parc de Philadelphie, sans qu’elle n’ait besoin de décider ou de faire demi-tour. C’était une sorte de rituel ; lorsqu’elle avait le temps et qu’il faisait beau, elle fuyait la ville pour une pseudo-nature sauvage. Fairmount Park n’avait subi que très peu d’aménagements humains, les sentiers de terre qui le parcouraient étaient très vieux et seul quelques bancs et poubelles avaient été ajoutés afin de conserver la propreté naturelle des lieux. Les gens venaient souvent ici le week-end pour pique-niquer, passer du temps en famille ou entre amis. Ezeckiel voyait rarement des personnes seules dans ce parc. Même les solitaires finissaient par retrouver une connaissance. Cela ne la gênait pas pour autant d’être esseulée aujourd’hui. Elle aimait profiter des bonheurs simples de la vie seule. Il n’en avait pas toujours été ainsi mais maintenant.. c’était le cas. Elle avait accepté, était passée au-dessus. Point final.

    A cette heure peu avancée de la journée, le parc était presque vide. Il ne comptait que quelques joggeurs, une vieille dame occupée à nourrir des oiseaux et Ezeckiel. Pour le moment. Longeant le lac, elle passa devant la vieille dame, la salua poliment puis se dirigea vers un banc vaguement isolé des autres sur la grande plaine. Elle s’y assit et laissa son regard errer dans le parc. Elle était d’humeur pensive. C’était souvent le cas lorsqu’elle était bien. Le soleil, les oiseaux qui chantaient dans tous les arbres, un fond de bruits de ville, une journée complète à ne rien faire, aucune obligation d’aller bosser ce soir ; c’était son jour de congé… Elle sourit. Oui elle était vraiment bien là. Ses pensées de la journée furent pour son père. De son vivant, il avait toujours adoré ces journées-ci. Elles le rendaient joyeux, il allait au travail en sifflant et revenait tôt pour emmener sa fille se promener en ville. Pour Ezeckiel, elles étaient devenues signe de bonheur.

    Une heure après qu’elle se soit assise sur le banc, le parc s’était rempli lentement entre temps et un homme aux courts cheveux bouclés, un bouquet de fleurs à la main, s’assit à côté d’elle. Il posa les fleurs sur ses genoux et sans un mot, l’observa, tête tournée dans sa direction. Sans se cacher. Au début, Ezeckiel fit mine de l’ignorer, tournant un peu plus la tête de l’autre côté mais très vite le regard posé sur elle devint insoutenable. Le calme qui l’habitait s’était évaporé, laissant place à l’agacement mélangé à la curiosité de comprendre pourquoi il la dévisageait ainsi et pourquoi soudainement il prenait le bouquet dans une main et le lui tendait…

      « Est-ce que je peux vous l’offrir ? »
      « Je vous demande pardon ? »


    Elle dévisagea l’inconnu. Ses yeux clairs trahissaient son sérieux. Il ne plaisantait pas le moins du monde. Une ombre de sourire traversa le visage d’Ezeckiel. Il n’avait pas la tête des amants qui viennent de se faire jeter par leur petite amie et qui, par dépit, offrent les fleurs à une inconnue. Non, lui il avait plutôt l’air de les avoir achetées comme ça. Pour faire plaisir.
    Habituée à ce genre d’attitude depuis plusieurs décennies, elle associa le sentiment familier d’une aura particulière à la gentillesse non feinte du jeune homme. Un Ange.
    Elle ne connaissait ni son nom, ni son âge. Elle savait juste qu’il était un Ange. A les côtoyer 24h/24 durant une bonne soixantaine d’années lorsqu’elle était avec Gabriel, elle savait maintenant les reconnaître à leur aura d’Immortel et à leurs petites attentions originales. Les Démons étaient plus difficiles à dépister car elle n’en avait croisé qu’un ou deux dans toute son éternité.
    Un Ange donc. Aucune chance qu’il la reconnaisse, il était trop ‘jeune’. Elle n’aurait su lui donner un âge cependant si elle-même ne le reconnaissait pas, elle doutait qu’il sache le faire. Son apparence avait tant changé au cours des dernières décennies. On avait sûrement oublié son nom aussi. Tant mieux.

    Son sourire s’élargit, elle considéra le jeune homme qui souriait aussi, le bouquet toujours tendu vers elle. Elle n’avait même pas regardé les fleurs qui le composaient. Son regard caressa les corolles soyeuses couleur pamplemousse des amaryllis. Les pétales, veinés de lignes plus foncées que le reste de la fleur, semblaient translucides. N’importe quelle femme aurait tué pour obtenir d’aussi belles fleurs. N’importe quelle femme ?

      « Si je dis non.. serai-je la première à le faire ? »


    Evidemment elle allait accepter le bouquet. Refuser pareilles fleurs frôlait la folie. Et Ezeckiel était loin d’être folle. Elle voulait juste passer du bon temps. Caresser le danger d’être avec un de ses anciens frères pour en rire le soir venu. Elle ne risquait rien tant qu’elle ne donnait pas son vrai nom et il était tellement facile de mentir avec des années d’expérience derrière soi…

    Saisissant délicatement les fleurs tendues vers elle, Ezeckiel remercia le jeune homme d’un regard et d’une parole. Elle observa le bouquet à hauteur d’yeux un moment puis le posa sur ses genoux comme l’inconnu l’avait fait avant de le lui offrir. Il ne fit pas mine de partir aussi engagea-t-elle la conversation.

      « Vous faîtes ça souvent ? Offrir des fleurs aux femmes seules. »
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William T. Shavy

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MessageSujet: Re: Wonders never cease [ Ezeckiel ]   Wonders never cease [ Ezeckiel ] Icon_minitimeMer 7 Avr - 17:14

    Les réactions étaient toujours différentes. Chaque rencontre est unique mais celle que l’ange appelait "du bouquet de fleur" apportait souvent la surprise. Généralement, l’étonnement laissait place à un sourire timide, puis à une main tendue pour prendre le bouquet, mais ce n’était jamais le même regard stupéfait, ni les mêmes rides au coin de la bouche, ni les mêmes mains. Il adorait les regarder ces mains, justement. On ne s’en rend pas forcément compte mais elles peuvent apporter plein d’informations sur la vie de la personne qui les tend. Les hommes travaillant manuellement ont des doigts épais et la paume calleuse, leur peau est rugueuse, contrairement à celles des femmes qui sont plus souvent dans des bureaux. Ces dernières portent souvent des bijoux par coquetterie, elles aiment exhiber leur beauté pour plaire aux hommes, qu’elles soient mariées ou non. La beauté est un critère de démarcation à part entière dans la société actuelle et William préfère l’ignorer. Il peut aussi bien offrir de simples fleurs sans prétention que des grands bouquets aux couleurs chatoyantes. L’important est, selon lui, dans l’attention de les partager avec quelqu’un, que ce soit un inconnu ou non.

    Avant qu’il ne lui propose les amaryllis, la femme du banc paraissait agacée. Elle se sentait observée et devait se demander pourquoi cette homme qu’elle ne connaissait pas la fixait avec une telle insistance. Lorsqu’il lui parla, elle se tourna vers lui pour le dévisager, déconcertée par sa question. Elle ne s’attendait vraiment pas à cela… Après lui avoir demandé pardon, elle le fixa à son tour, cherchant quelconque trace de moquerie dans son regard pour comprendre l’offre qui pouvait Ne trouvant pas ce qu’elle cherchait, la femme sourit. Un sourire pensif, lointain. Mais qui devint plus présent quand elle porta son attention sur le bouquet. La fleuriste ne s’était pas moquée de lui, il était magnifique. Les pétales aux couleurs tendres, striés de lignes pourpres, s’ouvraient en soleil pour laisser apparaître un cœur presque translucide. A son tour, elle lui posa une question. Cette fois, l’ange répondit.

      « Non, vous ne seriez pas la seule. Seulement, je ne vois pas de raison pour que vous refusiez, ma proposition est faite en tout bien tout honneur. »


    De nouveau, un sourire. Pour l’inciter à accepter. Elle allait accepter, il le devinait. Il avait beau ne pas faire attention à la beauté de ses présents, il n’était pas idiot pour autant. L’inconnue confirma ses pensées en saisissant délicatement le bouquet pour l’observer un instant, puis le poser sur ses genoux. William continuait de l’observer. Il sentait ce quelque chose que les autres n’avaient pas, et cela piquait sa curiosité. Elle n’était pas quelqu’un d’ordinaire et ne pas réussir à deviner pourquoi les laissait pensif. Lui qui n’avait jamais réellement côtoyé d’autres anges, lui qui n’avait jamais éprouvé le besoin de contacter l’assistant de Dieu, lui qui ne se mêlait pas de la vie des autres plus que nécessaire, comment pouvait-il savoir qu’elle était une des siens ? Il n’ignorait pas bien sûr que d’autres anges vivaient à Philadelphie mais il n’avait pas spécialement cherché à les rencontrer, aussi ne connaissait-il pas l’aura que lui-même dégageait et ne pouvait-il pas la reconnaître chez cette femme. Elle le sortit de ses pensées en lui demandant si c’était une coutume, chez lui, d’offrir des bouquets aux femmes seules. Il eût un petit moment d’absence sur le coup mais se ressaisit très vite avant de réfléchir à ce qu’il allait répondre. Les occasions de discuter avec les receveurs des fleurs étaient plutôt rares et il ne s’attendait pas forcément à ce qu’elle engage la conversation, surtout en le questionnant sur ses habitudes.

      « J’ignorais que vous étiez une femme seule. Je vous aurais proposé ces fleurs même si vous aviez été mariée. Et puis il m’arrive d’en donner à des hommes, mais ils sont moins réceptifs. Enfin, il faut comprendre… Un homme qui offre un bouquet à un autre homme, cela peut paraître étrange. »


    Il rit pour lui-même, revoyant ces scènes où il s’était fait complètement rejeté par des humains ne comprenant pas que ce n’était en aucun cas pour les charmer que l’ange leur faisait cadeaux de roses rouges. Bon, en effet, ce n’étaient peut-être pas les meilleures fleurs à offrir en ce genre d’occasions, mais quelle importance après tout ? Si la signification des fleurs avait été différente, que l’amour passionnel avait été attribué aux pâquerettes et que les roses avaient eu pour message l’envie de faire plaisir, ou simplement connaissance, peut-être que ces hommes ne l’auraient pas rejeté en le traitant de fou et en menaçant d’appeler l’hôpital psychiatrique.
    William reprit son explication tout en continuant de fixer l’inconnue.

      « Je n’ai encore jamais essayé avec les enfants, mais il suffirait qu’un père ou une mère soit présent pour que je me fasse interner… »


    Il haussa les épaules et détourna enfin le regard. Le banc sur lequel ils étaient assis faisait face au lac du parc. La surface de l’eau scintillait sous les rayons du Soleil qui finissait de se lever et des vaguelettes ondulaient sur une partie de l’étendue limpide lorsqu’un poisson brisait ce miroir liquide en chassant un insecte. Fairmount était l’un des seuls endroits de la ville et de ses environs à ne pas avoir été totalement envahi pas l’homme. Il était agréable de s’y promener en suivant le chemin de terre, bordé par de vieux arbres majestueux qui prodiguaient de l’ombre à qui voulait faire une pause sur un banc. Il était permit d’aller sur quelques parcelles d’herbes, mais la plupart étaient cependant protégées par un panneau annonçant l’interdiction d’y marcher. Les promeneurs étaient respectueux et obéissaient aux règles, personne n’allait jamais sur ces pelouses. Seuls les oiseaux étaient encore libres de faire ce qu’ils voulaient et un volatile s’était posé sur l’herbe qui s’étalait derrière William et la jeune femme. Il entama son chant et l’ange écouta ses gazouillis agréables durant quelques instants. Puis il se tourna de nouveau vers la femme.

      « Vous a-t-on déjà offert des fleurs ? »


    Aucune indiscrétion de sa part, juste une curiosité non feinte. Il lui était déjà arrivé de tomber sur quelqu’un qui n’en avait jamais reçu. La personne avait fondu en larmes de bonheur dans ses bras, ce qui avait renforcé la conviction de William à continuer son petit manège du samedi matin.
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Ezeckiel A. Lynd

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MessageSujet: Re: Wonders never cease [ Ezeckiel ]   Wonders never cease [ Ezeckiel ] Icon_minitimeMer 7 Avr - 23:56

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    S’il parut surpris par sa question, il n’en laissa entrevoir qu’un petit aspect. Un léger haussement de sourcils. Une lueur discrète mais persistante dans le regard. Cette question n’était pas celle qu’il s’attendait à avoir. Peut-être d’ailleurs n’en attendait-il aucune. Cela ne l’empêcha de répondre courtoisement, son sourire de nouveau aux lèvres.

      « J’ignorais que vous étiez une femme seule. Je vous aurais proposé ces fleurs même si vous aviez été mariée. Et puis il m’arrive d’en donner à des hommes, mais ils sont moins réceptifs. Enfin, il faut comprendre… Un homme qui offre un bouquet à un autre homme, cela peut paraître étrange. »


    Sa mâchoire se crispa pour retenir un rire. Le rire d’Ezeckiel lui s’échappa dans l’air. Elle imaginait très bien le jeune homme offrant galamment un bouquet de fleurs à un homme dans le parc. Son air tranquille pouvait très facilement passer pour autre chose qu’un caractère égal et d’humeur souriant. Les traits de son visage étaient assez fins pour sembler à la fois doux et virils. Des vêtements un peu trop en dehors de la norme masculine et il passait pour un homosexuel transi avec ses fleurs et son sourire d’ange. Vu son air, cela avait sûrement du être le cas une fois.

      « Je n’ai encore jamais essayé avec les enfants, mais il suffirait qu’un père ou une mère soit présent pour que je me fasse interner… »


    L’inconnu haussa les épaules. Ezeckiel roula des yeux d’assentiment. Les parents et particulièrement les mères étaient de véritables tueurs dès lors qu’on s’approchait de leur progéniture. Avec ses grands yeux tout maquillés de noir et ses airs de femme de petite vertu, Ezeckiel était interdite d’enfants. Elle ne pouvait les approcher à moins de vingt mètres sans déclencher le radar maternel qui, sentant le danger, rappelait immédiatement ses enfants à elle. Dommage. Ezeckiel aimait beaucoup les enfants. Elle n’aurait jamais la chance d’en avoir mais ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Les Anges n’étaient pas infertiles. Elles connaissaient de nombreux couples qui avaient réussi ce miracle de la vie. Seulement son mode de vie ne convenait pas à celui d’un enfant. Elle vivait la nuit et comme l’avait mainte fois répété son patron, nous ne pouvons aimer ; sans ça nous perdons notre boulot. Et Ezeckiel savait qu’il avait raison. Comment accepter de coucher avec d’autres hommes en en aimant un en particulier ? Elle serait constamment à penser à lui, se sentirait coupable de s’endormir dans les bras d’un autre même pour de l’argent. Elle secoua doucement la tête. Aucune âme ne pourrait consentir à pareil sacrifice et quand bien même elle y parviendrait, est-ce que l’autre supporterait de dormir seul en sachant que sa moitié faisait l’amour à un inconnu ? La réponse était claire comme de l’eau de roche.
    Non. Personne n’en était capable. Même dans les films on n’y était pas parvenu. La jalousie, le sentiment d’abandon, la méfiance… Tout cela finissait par prendre le dessus sur l’amour, aussi fort pouvait-il être.
    Donc en résumé, elle était très bien toute seule et même si son apparence l’empêchait de voir et d’avoir des enfants, elle pouvait toujours les observer de loin. C’était déjà mieux que rien, non ?

      « Vous a-t-on déjà offert des fleurs ? »
      « Mmh.. Oui. Vous venez de le faire. »


    Un long sourire s’étala sur les lèvres d’Ezeckiel. Piéger les gens avec les mots, son passe-temps favori. Elle s’avançait même à croire que cet inconnu était lui aussi d’une finesse d’esprit qui rendait les conversations palpitantes.
    Songeant qu’elle allait peut-être passer un moment sur ce banc en compagnie de cet Ange, Ezeckiel cessa de se tenir droite et orienta ses épaules dans la direction de l’inconnu. C’était déjà plus agréable que de se tordre le cou pour le regarder. Au contraire de certaines personnes, Ezeckiel détestait ne pas regarder les gens dans les yeux quand elle leur parlait. Pour elle c’était une marque d’écoute. Regarder ailleurs était signe que la personne s’en fichait royalement. Elle avait déjà fait le test, les gens étaient plus attentifs en la regardant dans les yeux. Et c’était important pour elle d’être entendue.

      « Et vous ? Vous en a-t-on déjà offert ? »


    Elle était curieuse de savoir d’où venait cette attention particulière, hormis le fait qu’il était un Ange. Son statut n’expliquait pas tout aux yeux d’Ezeckiel. Elle avait vu nombre d’Anges faire de petites grâces comme celle d’offrir des fleurs à des inconnus mais il existait toujours une raison, une source de frustration que l’on voulait combler en agissant à l’inverse de ce que l’on avait subi. Ezeckiel elle-même agissait ainsi. De son vivant, elle n’avait adressé la parole à quasiment personne. Dans son éternité, elle tâchait de connaître tout le monde. De même, étant humaine elle avait toujours pris garde à tout. Aujourd’hui elle se permettait tous les écarts, si vicieux soient-ils. Brider tous ses désirs l’avait conduite à la mort. Elle ne voulait pas renouveler l’expérience.


Dernière édition par Ezeckiel A. Lynd le Jeu 15 Avr - 23:28, édité 2 fois
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William T. Shavy

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MessageSujet: Re: Wonders never cease [ Ezeckiel ]   Wonders never cease [ Ezeckiel ] Icon_minitimeSam 10 Avr - 20:47

    Elle riait. Depuis combien de temps n’avait-il pas entendu de rire sincère ? Si ce n’était celui de la vieille dame. Depuis combien de temps n’avait-il pas prit le temps de se poser pour discuter ? Si ce n’était avec la vieille dame. Depuis combien de temps quelqu’un ne l’avait-il pas écouté ? Si ce n’était la vieille dame… A l’université, il n’aimait pas se mêler au corps des enseignants, les discussions étaient toujours les mêmes. Boulot par-ci, boulot par-là, et non, il ne partait pas en vacances, non il n’avait pas d’amie, ni d’enfants, non, il ne cherchait pas à en trouver, oui, il avait fini ses corrections, oui, les étudiants étaient énervés en ce moment, non, il n’en avait pas marre de ce métier, oui, il arrivait à faire ses fins de mois… Et ainsi de suite. Il était vrai qu’avec son salaire de professeur en université, il pouvait s’offrir des petits voyages, il était mieux payés que les professeurs de moins haut niveau, mais il n’avait jamais vraiment ressentit le besoin de partir, de faire un break. Mais plus le temps passait, plus il avait l’impression qu’un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal. Le projet d’adopter un animal lui avait une fois traversé l’esprit, il n’avait cependant pas poussé l’idée plus loin. Peut-être qu’un jour…
    Si des étudiants venaient de temps en temps le trouver à la fin des cours pour discuter un peu, il ne pouvait pas dire faire réellement connaissance avec eux. Et puis il n’était pas non plus vraiment de leur monde. Les filles pensaient généralement aux garçons, et les garçons aux filles. A leur âge, il ne pouvait pas leur en vouloir, même s’il aurait préféré qu’ils aient dépassé ce stade. Bien sûr, ils étaient intelligents, brillants même, parfois, mais pas assez souvent au goût du professeur. Passé la porte de l’amphithéâtre, ils reprenaient leurs habitudes de femme ou homme adolescent.

    Après qu’il lui ait confié ne jamais avoir tenté d’offrir des fleurs à un enfant, il eut le temps de la voir rouler des yeux en signe d’approbation. Ne sachant pas à quoi elle pensait, il ne s’attarda pas sur ce détail. Et lorsqu’elle lui répondit qu’il venait de lui offrir des fleurs, il ne put s’empêcher de rire. Elle aimait jouer avec les mots… Il appréciait discuter avec les personnes de vif esprit mais l’occasion ne lui était pas souvent donnée. Il décida donc de rester sur ce banc jusqu’à ce que cette femme se lasse et rentre chez elle. Mais la voyant se tourner vers lui, il comprit qu’elle était aussi intéressée que lui par la discussion. Maintenant qu’elle lui faisait face, il pouvait voir à quel point elle était différente d’Emily. C’était une belle femme. Une très belle femme, même. Mais si son regard était clair, il ne disait pas la même chose que celui d’Emlily. Il n’exprimait pas la détresse refoulée, mais plutôt la curiosité. Elle voulait savoir qui il était, s’apprêtait à lui poser une question. Chose que jamais son amie n’aurait fait. Si elle savait faire preuve d’une grande intelligence, son caractère renfermé l’empêchait de se mêler de la vie des autres. Même à William, elle n’avait jamais posé beaucoup de questions, ce qu’il lui rendait avec respect. Ils se connaissaient mais ne poussaient jamais la curiosité lorsqu’ils ignoraient quelque chose sur l’autre. C’était leur pacte. Pour être ensemble.

    L’inconnu lui renvoya la question en le tirant de ses pensées. Dans lesquelles il replongea rapidement. Voilà cinquante et un ans qu’elle était morte. Et lui aussi. Ces cinquante et un ans étaient passés sans jamais qu’un jour il ne pensa pas à elle. Et il se souvenait. Il se souvenait qu’Emily aimait cueillir de grands bouquets de fleurs sauvages pour les éparpiller sur le sol dans leur appartement. Il lui arrivait même parfois d’entrer chez un fleuriste pour lui commander ce qu’elle voulait exactement, pour pouvoir ensuite se rouler dedans. Le jeune homme lui avait fait la remarque, une fois, qu’elle devrait plutôt les mettre dans un vase sur une table pour décorer, où elles se faneraient et s’abimeraient moins vite que par terre. Elle s’était contentée d’éclater de rire et de l’embrasser sur le front, comme si ce qu’il lui avait dit était totalement dénué de sens. William n’avait plus jamais rien dit au sujet des fleurs.

      « J’avais une… amie qui avait une conception un peu particulière de l’usage des fleurs. Elle les éparpillait par terre, se faisant un tapis des pétales odorants. »


    Une petite moue amusée se dessina sur ses lèvres pincées. Il n’avait jamais réussi à réellement expliquer la relation qu’il avait eut avec cette femme. Ils avaient été amants, certes. Mais quelque chose de plus s’était immiscé entre eux, empêchant l’emploi de ce terme. Bien que William ait toujours voué une adoration sans limite à la cette femme, elle pouvait très bien, d’un jour à l’autre, se mettre à le haïr pour un oui ou pour un non, même si elles rendaient les heures qui suivaient bien plus tendre que celles qui accompagnaient les moments de rage. Mais ce n’était pas pour se faire pardonner. Elle n’en avait pas besoin, et savait que William ne lui en voulait jamais.

    L’ange observa l’inconnue avec attention. Elle-même le fixait, tentant de comprendre le pourquoi du comment. Il sourit.

      « Pensez-vous que je sois fou ? »


    Il entendait là parler de son étrange habitude florale… Lui se pensait sain d’esprit, et était conscient du décalage de son rituel. Mais, se disait-il, si personne n’osait jamais franchir une limite, faire un pas vers l’avant pour se différencier, se détacher du tas, la vie (s’il pouvait appeler son existence ainsi) serait-elle ce qu’elle est ? Non, bien sûr que non. Elle serait sûrement moins plaisante sans cette satisfaction de voir des sourires s’épanouir sur des visages, rendus trop anxieux par le travail, lorsqu’un simple bouquet de fleurs leur était offert.
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Ezeckiel A. Lynd

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MessageSujet: Re: Wonders never cease [ Ezeckiel ]   Wonders never cease [ Ezeckiel ] Icon_minitimeSam 17 Avr - 22:57

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    L’homme parlait. Elle l’écoutait. D’abord attentivement, captant les minuscules détails qui se logeaient dans son discours et dans les expressions de son visage, liant les uns aux autres pour en savoir plus sur cet ange. Il avait une amie qui était plus qu’une amie ou qui tout au moins l’avait été. Cependant très vite elle perdit le fil de la conversation, les yeux toujours fixés sur le visage de l’inconnu, ses pensées vagabondèrent ailleurs dans un lieu qui lui était propre. Ca n’était pas tant qu’elle n’était pas intéressée par ce qu’on lui racontait mais de son vivant, elle n’avait jamais prêté oreille à rien hormis à la voix des anges. Et même si elle avait décidé de changer ses mauvaises habitudes d’humaine contre celles correspondant à ses désirs, Ezeckiel savait mieux que personne qu’il était difficile de se battre contre le naturel et encore plus contre les habitudes. Elle se confrontait à ça jour après jour, chassant son naturel qui, bien évidemment, revenait au galop chaque fois qu’elle avait le dos tourné…

      « Pensez-vous que je sois fou ? »


    La jeune femme cligna des yeux naturellement. Pour ceux qui la connaissaient sur le bout des doigts, et il n’y avait qu’elle, c’était le signe qu’elle était de nouveau attentive. Loin de rougir de son inattention, après tout ils ne se devaient rien tous les deux, Ezeckiel passa un bras sur le dossier du banc et appuya son menton sur sa main repliée, réfléchissant.
    Fous les gens l’étaient tous. Chacun avait sa petite manie, son petit tic bizarre qui choquait les uns et amusait les autres. Ezeckiel par exemple ne pouvait s’empêcher de penser à cinquante choses en même temps, bilan elle loupait souvent la moitié des informations. Heureusement pour elle, les clients ne confiaient jamais rien lorsqu’elle les ‘occupait’ avec ses charmes. De toute façon elle s’en contre-fichait de ce qu’ils avaient à dire. Mais bon, par principe d’ex-ange, elle avait toujours un léger remord de conscience lorsque l’information manquée était importante. Après vérification du visage, tranquille et souriant, de l’inconnu, elle en conclut qu’ici il n’y avait absolument pas lieu d’avoir des remords. Sans doute n’avait-il même pas remarqué qu’elle avait eu une absence de quelques secondes. Même Gabriel ne se rendait pas toujours compte, cependant quand c’était le cas il ne manquait pas de l’attirer de nouveau à lui en claquant des doigts sous son nez ou, plus original, en dansant la gigue devant elle. L’archange avait toujours eu un grand sens de l’humour et une immense humilité. Il n’avait pas peur de se tourner en dérision, ne serait-ce que pour arracher une moue amusée à sa protégée.
    Penser à Gabriel ravivait de vieux souvenirs qui remontaient en elle comme une fontaine qu’on avait obstruée trop longtemps. Parfois, comme aujourd’hui, sortait avec ce fatras d’images, de sons, de couleurs et d’odeurs un sentiment dévastateur de culpabilité qui rendait brusquement la jeune femme froide et amère. Son choix de quitter les Anges n’avait pas eu l’effet escompté et plus encore, il avait fait souffrir les êtres auxquels Ezeckiel tenait le plus. Parfois, comme aujourd’hui, elle se posait cette douloureuse question. Est-ce que c’était le meilleur choix à faire ? A l’époque oui. Mais maintenant ?

    Ezeckiel lâcha un soupir. Tout cela était bien trop compliqué, bien trop long et bien trop douloureux. Le voile n’avait pas encore été levé sur son passé et la légitimité de ses choix n’étaient pas encore prouvées. Seul le temps saurait juger cela. Si seulement il pouvait passer plus vite..
    L’inconnu la regardait toujours. Il n’avait pas dit un mot, il attendait une réponse. Ou pas. Dans tous les cas, il ne l’avait pas dérangée dans ses pensées. Sans doute avait-il remarqué son changement d’humeur ? Ou pas. Ezeckiel pinça les lèvres, brusquement la situation l’agaçait. Son naturel amer reprenait le dessus et elle était lasse de le laisser au fond d’elle. Après tout qu’est-ce que ça lui fichait de savoir ce que penserait ce gars-là lorsqu’elle lui dirait qu’aux premiers abords il paraissait bien gentil et bien attentionné d’offrir toutes ces fleurs mais qu’au fond tout cela ne cachait qu’un triste besoin d’attention. Un sourire, un merci, pas de réaction. Tout était bon à prendre tant qu’on avait le sentiment de faire quelque chose de bien, quelque chose qui venait de nous. Quelque chose qui cachait souvent une blessure derrière ses barrières fleuries…

      « Je pense surtout que vous êtes très seul. Que vous ne voulez pas vous séparer de cette solitude parce que vous attendez quelqu’un qui seul palliera à cet isolement mais que l’attente est si douloureuse ou la coupure toujours si vive que vous tentez de la panser temporairement. Le temps que le trou soit complètement rebouché et la plaie soignée. Je me trompe ? »


    Bien sûr qu’elle se trompait, évidemment. Elle avait balancé ça comme ça parce qu’elle avait déjà croisé une ange qui agissait de la sorte et qui lui avait tenu à peu de choses près le même discours. Ezeckiel ignorait tout de cet homme, elle ne se basait que sur ce qu’elle voyait de lui et sur le peu qu’il avait confié de sa personne. Si les rôles avaient été inversés, il l’aurait sûrement prise pour une femme lunaire avec ses rêveries en pleine discussion et ses airs de femme originale mais terriblement seule qui veut que ses rares rencontres avec des hommes soient merveilleuses pour qu’elle puisse s’endormir avec le soir.
    Après ça il la considérerait surtout comme une pauvre conne cynique et misanthrope. Ce qu’elle méritait sûrement. Mais encore une fois, elle n’en avait absolument rien à fiche. Son côté humain, complètement indifférent au monde, avait repris le contrôle. C’était comme ça parfois. Tout ce qu’elle faisait pour être meilleure, tout son travail sur soi disparaissait en fumée. Déjà du temps où elle n’avait pas quittée les anges c’était comme ça. Dieu et Gabriel avaient choisi de ne rien voir malgré le fait qu’elle répétait qu’il ne fallait pas lui faire confiance, qu’elle était capable de tout gâcher si un mauvais souvenir remontait. Ezeckiel n’était pas maître de ses émotions, elle se laissait dominée par moments et c’était dans ces instants qu’elle redevenait l’orpheline agressive de 24 ans qui en voulait à la Terre entière.

    Ezeckiel se leva brusquement, rattrapant les amaryllis avant qu’elles ne tombent. Elle hésita une fraction de seconde entre partir sans rien dire ou essayer de récupérer un peu ses paroles acerbes et injustifiées. Dos à l’homme, elle leva les yeux vers le ciel bleu. Ses épaules s’affaissèrent légèrement. Encore un choix à faire. Mais quel chemin était le bon ? Son comportement était-il seulement récupérable ?
    Tournant la tête pour voir derrière elle, elle croisa le regard de l’inconnu. Elle ne connaissait même pas son nom.

      « Les propositions en tout bien tout honneur ne sont plus mon rayon depuis quelques années. Je suis navrée de ce qu’il vient de se passer mais je pense que s’il y avait une once de vérité dans ce que j’ai dit alors.. c’est mieux que vous le sachiez. Adieu. »


    Elle l’oublierait plus vite en l’ignorant.
    Tournant les talons, elle s’éloigna du banc.
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